mercredi 9 juillet 2014

Brésil 2014 : Pays-Bas - Argentine, un duel de faux jumeaux

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Alejandro Sabella parle à ses joueurs, le 1er juillet pendant la pause des prolongations face à la Suisse.

L'Argentine et les Pays-Bas se retrouvent, ce mercredi, pour la cinquième fois en Coupe du monde. Un duel marqué par quelques matchs historiques, comme la finale de 1978 ou le quart de finale de 1998. Alejandro Sabella était déjà sur le banc de l'« Albiceleste », en France, en tant qu'adjoint du sélectionneur d'alors, Daniel Passarella. Face à lui, ce soir, Louis van Gaal, maître tacticien de ce Mondial. Une opposition de style a priori, mais Argentins et Néerlandais ont plus de points communs qu'il n'y paraît – àcommencer par leur pragmatisme.

POSSESSION VS CONTRE-ATTAQUE
Cette qualité a mené Alejandro Sabella et Louis van Gaal dans deux directions opposées. A l'Argentin le choix de la possession (61 % en moyenne depuis le début du Mondial), au Néerlandais celui des contre-attaques éclair, même s'il lui a fallu s'ajuster, en quarts de finale, face à une équipe costaricaine encore plus défensive que la sienne. A contre-courant d'il y a quatre ans, l'Argentine est menée par un sélectionneur rigoureux et minutieux tactiquement. Là où Diego Maradona se reposait beaucoup sur une approche motivationnelle, Alejandro Sabella est un travailleur qui porte une grande attention aux détails, contrairement à ce que son surnom, « Le Paresseux » (hérité de sa carrière de joueur), laisse penser.
Son absence de philosophie offensive se ressent toutefois dans le jeu des Ciel et Blanc, qui manquent d'imagination et de changements de rythme en attaques placées. L'accumulation de joueurs au profil axial est également préjudiciable à l'« Albiceleste », tout comme l'absence d'un organisateur reculé efficace, auquel Sabella préfère une sentinelle, Javier Mascherano, afin de préserver l'équilibre défensif. Cela n'a pas empêché l'Argentine d'être vulnérable face aux contres adverses, et le Nigeria, battu 3-2 en phase de poules, a montré la voie à suivre.
Louis Van Gaal réussit son coup de poker, en remplaçant son gardien juste avant la séance des tirs au but, face au Costa Rica.
Louis Van Gaal réussit son coup de poker, en remplaçant son gardien juste avant la séance des tirs au but, face au Costa Rica. | AFP/DAMIEN MEYER
VAN GAAL OU LE GÉNIE DE L'ADAPTATION
Cela tombe bien, les Pays-Bas raffolent, depuis le début du tournoi, de ces attaques rapides. Après avoir dominé face au Costa Rica, les « Oranje » devraient revenir à une approche plus attentiste et réactive. Louis van Gaal l'a montré à maintes reprises depuis le début du Mondial, il sait s'adapteraux forces et aux faiblesses de ses adversaires afin d'estomper les lacunes de sa propre formation« Van Gaal est un tacticien par excellence, il sait exactement ce qu'il fait à chaque match », a dit de lui Xavi, le métronome du Barça, que le technicien néerlandais a lancé en équipe première en Catalogne.
Problème : Van Gaal devra faire sans Nigel De Jong, l'homme-clé du pressing « oranje », forfait sur blessure. Une absence négligeable contre des Costaricains relativement inoffensifs, mais bien plus gênante face une Argentine joueuse, surtout dans la zone de Lionel Messi. Les Pays-Bas n'ont pas de remplaçant qui apporte autant de garanties défensives. Le technicien devrait conserver son organisation à trois défenseurs centraux, mais pourrait revenir à une composition plus conservatrice après le 3-4-3 mis en place contre le Costa Rica.
Lionel Messi, l'homme clé de la sélection d'Alejandro Sabella.
Lionel Messi, l'homme clé de la sélection d'Alejandro Sabella. | AFP/FRANCOIS XAVIER MARIT
LE COMPROMIS MESSI
Des deux côtés, il existe de nombreuses incertitudes sur l'état de forme de certains cadres (Van Persie, Sneijder, Higuain) ou le niveau de titulaires (Rojo, Gago, Cillessen), des problèmes qui empêchent ces deux équipes de dominer complètement leur sujet. Une constante dans ce Mondial où le niveau est plus resserré que jamais, que les deux sélectionneurs contournent à leur manière. Puisqu'il est impossible d'imposercomplètement son jeu, il faut un homme capable de faire la différence. Lionel Messi et Arjen Robben sont les deux élus.
Dans le cas de l'Argentin, c'est une évidence. « Toute équipe ayant un joueur comme Messi dépend fortement de lui », affirme Sabella. Mais là où ses devanciers ont échoué, soit en le cantonnant dans un rôle de détonateur, soit, au contraire, en lui faisant assumer toutes les responsabilités, le sélectionneur joue sur le compromis. De numéro 10, le Barcelonais est repassé plus haut, de sorte à ne pas partir de trop bas et s'épargner quelques retours défensifs au passage. Les statistiques montrent qu'il est le joueur offensif qui court le moins de la compétition. Cela ne l'empêche pas d'être passeur, mais on attend de lui qu'il soit décisif. L'absence de Di Maria – blessé contre la Belgique –, qui le soulageait en étant actif à la récupération et percutant offensivement, risque d'être difficile à compenser.
LA SOLUTION ROBBEN
Du côté néerlandais, la domination d'Arjen Robben sur le reste de l'effectif n'était pas aussi évidente a priori. D'abord parce qu'il y a également Wesley Sneijder et Robin van Persie dans les lignes offensives, soit le quasi-Ballon d'or 2010 (il l'aurait été si la formule n'avait pas changé cette année-là) et l'un des meilleurs attaquants du monde. Sauf que les deux sont dans une forme moyenne et qu'ils se distinguent seulement par des coups de génie intermittents – ici une frappe enroulée sur la barre, là une tête lobée.
Arjen Robben, le détonateur hollandais.
Arjen Robben, le détonateur hollandais. | AFP/DAMIEN MEYER
Dès lors, il faut bien que quelqu'un enflamme le match le reste du temps. Et comme Robben, trente années au compteur dont quelques-unes passées à l'infirmerie, est dans la forme de sa vie, c'est de lui qu'on attend la lumière. Comme Messi, il évolue dans une position axiale, sauf face au Costa Rica pour lequel a retrouvé son côté droit chéri, celui qui lui permet de repiquersur son pied gauche vers le centre du terrain. Si le 3-5-2 de Van Gaal ne possédait qu'un vrai joueur de couloir, son 3-4-3 en associe deux pouremballer le jeu. A droite, Dirk Kuyt, attaquant reconverti, est le nouveau pendant de Daley Blind : un joueur dont le volume de jeu permet desoulager Robben tout en lui apportant un surnombre offensif.
L'ÉTOUFFER OU L'ISOLER
Dans cette demi-finale, Messi et Robben, en un dribble, une frappe ou une passe, pourront faire basculer la partie. Leur sélectionneur et leurs partenaires auront un rôle plus ingrat, celui de les faire briller. Sans Angel Di Maria, Alejandro Sabella devra être inventif pour trouver une bonne rampe de lancement et aura besoin que Gonzalo Higuain et Ezequiel Lavezzi fassent peser une menace qui occupe les défenseurs.
Louis van Gaal n'aura pas ce problème, lui qui a réussi à hisser son équipe en demi-finales avec un Van Persie sur courant alternatif. Comme Dirk Kuyt n'est jamais fatigué, le côté droit – en cas de reconduction du 3-4-3 – devrait être égal à lui-même. La réponse à trouver sera surtout défensive et il n'est pas impossible d'imaginer le sélectionneur innover à nouveau, pourposer des problèmes inédits à Messi en l'étouffant… ou en l'isolant.
Retrouvez les chroniques de Raphaël Cosmidis et Julien Momont pour Les Cahiers du football et les Dé-managers
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