dimanche 5 avril 2015


 sous la domination romaine fut très favorable aux relations commerciales, alors surtout que la constitution de l'empire eut mis de l'ordre dans ces vastes possessions et les eut dotées d'une administration régulière. Bien que Rome

 soit surtout connue comme cité militaire, il est vraisemblable qu'elle dut sa première importance au commerce; sa situation sur le Tibre en faisait le marché de l'Italie

 centrale; bien que des conceptions politiques communes à presque toutes les cités antiques aient maintenu la prééminence aux propriétaires fonciers (

Classes sociales), il semble indubitable que dès les temps les plus reculés une grande partie de la population romaine vivait du commerce; avant la période de conquête et de colonisation militaire, Rome était déjà une grande ville, la situation spéciale qu'elle fit aux colonies maritimes, ses traités avec Carthage

, prouvent l'attention qu'elle donnait au commerce maritime. Plus tard, il est vrai, l'influence romaine fut très nuisible au commerce; mais le soin même avec lequel furent détruites les antres cités commerçantes prouve l'influence de la classe qui redoutait leur concurrence et voulait les supplanter. 
Ce qui rendit momentanément le rôle des Romains néfaste, c'est qu'accumulant chez eux les trésors de tous les vaincus, ils firent de leur ville un centre de consommation chies richesses et les produits venaient se détruire sans compensation. Ces immenses importations de blé, d'huile, de vin qu'on tirait de Sicile
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 et d'Afrique

 pour nourrir la population romaine, privaient de son marché le producteur italien, bientôt ruiné. En dehors des privilégiés qui appliquaient leur travail à l'exploitation commerciale des provinces, ou des aristocrates qui les pillaient, en dehors aussi des commerçants de détail, dont la fonction persistait, la population romaine était misérable; ces tributs en nature ou en numéraire, importations artificielles, étaient également nuisibles à Rome et aux provinces. 

Dès que la période de conquête fut terminée, les choses se régularisèrent conformément aux lois économiques; les pays producteurs reprirent par les échanges le numéraire qui leur avait été enlevé. Les prodigalités et le luxe insensé dont on cite tant d'exemples pendant une centaine d'années, depuis Atticus jusqu'à Vitellius, supposent un commerce très actif, ne fût-ce que pour se procurer les milliers de cervelles d'autruche qu'on engloutissait en un repas; le prix payé pour une table de bois de titre prouve que les intermédiaires devaient réaliser de sérieux bénéfices. Rome fut le principal marché de l'empire, et si l'appareil gouvernemental continuait d'y attirer plus de richesses que l'appareil producteur, celles-ci étaient bientôt distribuées par le commerce. L'harmonie économique était donc rétablie et l'on s'explique parfaitement la prospérité constatée au IIe siècle ap. J.-C., lorsqu'on put jouir de la paix romaine.
Le commerce très actif qui se faisait entre les différentes provinces de l'empire et de celles-ci avec l'intérieur portait principalement sur les produits alimentaires, les esclaves et les divers articles précieux manufacturés ou non de l'Orient. Malgré le rapide développement des provinces occidentales, la Gaule

 et l'Espagne

, et le relèvement de l'Afrique, les provinces orientales restèrent les plus riches. C'est de ce côté seulement que des affaires importantes pouvaient se traiter avec l'intérieur. Les produits de l'Inde

, de l'Arabie, passaient par l'Egypte

 ou la Syrie pour arriver à la côte, et ils étaient en partie réexportés avec ceux de ces contrées, par elles-mêmes très riches. Ce commerce se fit surtout par l'intermédiaire des populations syriennes qui depuis des siècles vivaient en grande partie de l'industrie commerciale. Dès le siècle qui suivit la conquête d'Alexandre, la diffusion de l'hellénisme dans l'Asie occidentale fut suivie d'une diffusion des marchands syriens et juifs dans tous les ports de la Méditerranée orientale. 


Le commerce maritime
Nul grand peuple de l'Antiquité
 ne montra pour la navigation aussi peu d'enthousiasme que les Romains. Lorsqu'ils eurent des flottes, celui contraints par la nécessité, pour défendre leur puissance menacée, et ces flottes, toujours militaires, ils les licencièrent après chaque victoire. Le roi Ancus fit construire, il est vrai, à l'embouchure du Tibre, un port de commerce, Ostie, pour les approvisionnements de la capitale. Mais les navires que Rome y entretenait étaient en partie employés à remonter le fleuve; ils étaient, d'ailleurs, de construction lourde et grossière, et leurs équipages ne comptaient guère que des esclaves ou des affranchis, d'originegrecque ou ligurienne.
Ce n'est pas à dire que les Romains ne donnèrent aucune attention au commerce maritime : leurs traités avec Carthage


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, les colonies qu'ils fondèrent, attestent le contraire. Seulement, ils limitèrent leur participation au rôle de banquiers ou d'armateurs, abandonnant à d'autres, aux Grecs, aux Carthaginois, la navigation proprement dite. De même, lorsque, plus tard, ils furent les maîtres du bassin méditérranéen, ce fut, sans doute, en leur nom que se fit tout le commerce, le commerce maritime aussi bien que le commerce terrestre, et pour protéger le premier contre les pirates, qui, au nombre de plusieurs milliers, infestaient depuis longtemps la Méditerranée, arrêtant les navires et saccageant les ports, il leur fallut avoir une flotte véritable, une flotte permanente. Mais ni le personnel, ni le matériel n'étaient, en réalité, romains; c'était Alexandrie, c'étaient les vieilles colonies grecques qui les fournissaient, et, quoique demeurée deux siècles encore florissante sous la domination romaine, la navigation ne dut jamais rien aux Romains que les bienfaits de leur admirable administration et d'une longue paix. 
Rien d'étonnant, dès lors, à ce que leur architecture navale n'ait eu, du moins en ce qui concerne les navires de commerce, aucun caractère bien tranché. Ils paraissent seulement avoir préféré les voiles triangulaires, d'où le nom de voiles latines qu'elles ont conservé. A noter également qu'à la fin de l'époque impériale les plus grands bâtiments étaient munis, au sommet du grand mat, d'une troisième voile, en forme de delta majuscule, qui correspond à ce qu'on appellera plus tard la voile de perroquet.